Avec 15 équipements connectés par personne contre 8 seulement pour la moyenne mondiale, les Français figurent parmi les plus gros consommateurs d’outils technologiques et informatiques. Pourtant, cette boulimie numérique a un coût pour la planète puisque l’impact carbone de ces appareils ne cesse de croître.

Voitures thermiques, jets privés, viande, pesticides ? Et si le plus grand désastre écologique se trouvait tout simplement dans notre poche ? Depuis 20 ans, les outils numériques, smartphones en tête, déferlent dans notre quotidien.

4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre

Cette boulimie numérique a cependant un coût pour l’environnement puisque ces appareils sont responsables de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une tendance qui ne semble guère se stabiliser puisque la demande croissante laisse au contraire présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025.

En plus d’être gourmands d’une énergie bien souvent produite dans des pays où le mix énergétique est fortement carboné, nos équipements numériques du quotidien sont également gourmands en ressources naturelles fossiles non renouvelables comme les métaux précieux et rares (or, argent, platine, terbium, europium…) dont l’extraction est difficile et nécessite beaucoup de ressources et de dépenses énergétiques. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) estime de son côté que ces équipements génèrent 20 millions de tonnes de déchets chaque année en France, soit 300 kg par habitant et par an sur l’ensemble du cycle de vie des équipements. À l’échelle d’un individu, c’est équivalent à 2 259 km en voiture par habitant 

110 millions de smartphones dorment dans nos tiroirs

Dans un contexte d’urgence climatique et environnementale, cette frénésie pour la consommation des outils numériques paraît difficilement conciliable avec les nouvelles exigences écologiques des consommateurs. C’est pourquoi ces dernières années, des pistes de solutions destinées à allonger la durée d’usage de ces équipements ont émergé, à travers le réemploi, le reconditionnement, la réparation, le recyclage ou la lutte contre l’obsolescence programmée. L’Ademe affirme qu’un téléphone reconditionné présente un impact environnemental 8 fois inférieur à celui d’un téléphone neuf et cela quelle que soit la provenance du reconditionnement, ce qui représente 82 kg de matières premières économisées et 25 kg d'émissions de gaz à effet de serre en moins par année d'utilisation. Malgré cela, il y a encore 110 millions de smartphones qui prennent la poussière dans nos tiroirs, dont les deux tiers sont encore fonctionnels. Une véritable hérésie environnementale !

Un téléphone reconditionné présente un impact environnemental 8 fois inférieur à celui d'un téléphone neuf

Le problème de la fabrication

Si l’allongement de la durée de vie des équipements numériques est un premier pas encourageant dans la transformation écologique de nos habitudes de consommation, il reste cependant encore très insuffisant dans la mesure où c’est la fabrication et non l’usage qui est la principale source d’impact carbone. Dès lors, le stade ultime de l'écoresponsabilité écologique ne serait-il pas d’opérer un changement radical et profond de paradigme en délaissant un modèle de consommation des produits numériques anachronique et basé sur l’achat et la possession des équipements pour adopter un modèle plus durable et vertueux organisé quant à lui autour de l’usage et du réemploi ?

L’économie du partage comme nouvelle norme

Le fondement même de la location, c’est ne plus investir dans un équipement mais de ne payer que son usage. La location permettant d’évaluer la valeur résiduelle en fin de location, l’utilisateur ne paye donc que la perte de valeur de l’appareil auquel s’ajoutent tous les services attendus par les usagers comme le financement, l’assurance casse ou vol ou son renouvellement. Une solution bien plus économique pour le consommateur et bénéfique pour la planète puisque chaque appareil est aussitôt reconditionné à l’issue de la location puis remis en circulation sur le marché.

Nul besoin de posséder un bien pour jouir de son usage. Demain, vous ne posséderez pas votre smartphone, votre ordinateur ou votre tablette, pas plus que vous possédez aujourd’hui la musique que vous écoutez, les films que vous regardez, la trottinette électrique que vous empruntez ou la maison dans laquelle vous passez vos vacances. En démocratisant l’usage des équipements informatiques et technologiques grâce à un modèle économique organisé autour de la location de produits remis à neufs et réintroduits sur le marché plutôt que sur la production et l’achat d’équipements neufs, nous pourrions faire considérablement diminuer l’empreinte carbone du numérique sans pour autant nous limiter dans ses usages.

Les consommateurs, notamment les plus jeunes, étant particulièrement sensibles à l’impact environnemental de leurs modes de consommation sont aujourd’hui prêts à basculer vers un modèle de consommation plus sobre et responsable, là où l’économie circulaire et du partage a déjà transformé des pans entiers de l’économie : de la consommation de la musique et du cinéma avec la généralisation des plateformes de streaming à l’immobilier et aux mobilités, en passant par le leasing automobile qui est passé de 12% du marché à 47% en 2021. Pourquoi le numérique échapperait-il alors à cette tendance ?

Damien Morin, fondateur de mobile.club

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