Cela devrait interpeller tous les responsables politiques : aucun n’est jugé compétent par plus de la moitié des Français. Dans ce contexte, Marine Le Pen fait "moins pire" que ses rivaux. Un grand pas dans sa stratégie de dédiabolisation.

Pour Marine Le Pen et sa garde rapprochée, le procès en incompétence est le principal obstacle à lever pour accéder au pouvoir. Si l’on se fie à une étude publiée par l’institut Viavoice le 24 mai, il est dans une certaine mesure en passe d’être franchi.

Deuxième personnalité « la plus compétente »

33 % des Français jugent qu’elle est "compétente pour diriger la France dans les années qui viennent". Certes, deux Français sur trois ne sont pas de cet avis. Mais elle occupe la seconde place du classement derrière Édouard Philippe (44 %) mais devant Emmanuel Macron (27 %) ou Laurent Wauquiez (22 %) qui veut pourtant faire renaître LR en arguant qu’il est le seul parti de droite à gouverner la France.

L’épisode de son calamiteux débat de 2017 semble peu à peu s’effacer des mémoires. Cela est sans doute lié à l’arrivée massive de députés RN à l’Assemblée nationale qui, globalement, occupent leur poste sans trop faire de vagues, quitte à ne pas trop s’exprimer sur leur projet. Surtout, la triple candidate tire profit de l’attitude des députés Nupes qui misent sur la stratégie de la "conflictualisation" et du "bruit et de la fureur" qui permet de faire plaisir à sa base mais rebute la majorité des électeurs. Ainsi, seulement 18 % des personnes interrogées estiment que Jean-Luc Mélenchon est compétent. Notons qu’à gauche les autres personnalités testées arrivent en queue de peloton : Fabien Roussel 18 %, François Ruffin 17 %, Olivier Faure 12 %, Marine Tondelier 6 %. Comme si la Nupes "décrédibilisait" l’ensemble des responsables politiques de gauche.

Que ce soit à gauche, à droite ou au centre, aucun responsable politique n'est majoritairement jugé compétent

Certes, la députée du Nord semble "moins pire" que les autres, mais un point important est à soulever. Que ce soit à droite, à gauche ou au centre de l’échiquier, aucun responsable politique n’est majoritairement jugé compétent. Une donnée qui montre, encore une fois, la rupture entre la classe politique et les citoyens.

Vote de classe ?

Les résultats de l’étude mettent toutefois en lumière une constante du "marinisme" : son idéologie suscite l’adhésion d’une large partie des classes populaires mais peine à rassembler. Même si ce clivage s’estompe peu à peu. La question de sa capacité à gérer le pays en est la preuve. Si 50 % des ouvriers trouvent Marine Le Pen compétente, la proportion est de 33 % chez les cadres, soit son niveau moyen (ce qui reste une évolution remarquable). Enfin, son score est de 38 % chez les 50-69 ans, ce qui est une bonne nouvelle puisqu’il s’agit des "seniors" de demain, catégorie dans laquelle le FN et le RN ont toujours été le plus en difficulté.

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Lucas Jakubowicz

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