Coprésidentes de la Commission Coaching de Syntec Conseil, Valérie Rocoplan et Anne-Laure Pams reviennent sur les fondamentaux à respecter pour une entreprise qui propose du coaching professionnel à ses collaborateurs.

Décideurs RH. Quelle est la définition du coaching professionnel ?

Valérie Rocoplan. Le coaching professionnel, selon la définition de la Commission Coaching de Syntec, consiste en "l’accompagnement d’un salarié, un groupe ou une équipe afin de favoriser l’optimisation de leur potentiel humain et professionnel pour un meilleur exercice de leurs responsabilités au sein de leur entreprise".

Il existe différents types de coachings professionnels : le coaching individuel, le coaching collectif, le coaching d’équipe et le coaching d’organisation.

En France, on adopte une vision assez psychanalytique du coaching, en y intégrant des enjeux de développement et de bien-être personnels. Il faut toutefois rappeler qu’il a été fondé aux États-Unis pour répondre à des enjeux éminemment professionnels. Par ailleurs, s’il a longtemps été assez élitiste et réservé au top management, le coaching professionnel s’adresse aujourd’hui à une plus large population, du collaborateur récemment embauché jusqu’au dirigeant (flash coaching, coaching à distance, plateformes de coaching…). Les offres sont nombreuses et les usages très variés.

La démarche du coaching professionnel répond aux enjeux de performance de l’entreprise : il s’agit d’accompagner le collaborateur, le groupe, l’équipe ou l’organisation dans l’atteinte de leurs objectifs professionnels. Par exemple, pour le coaching individuel, les sujets les plus récurrents sont la prise de fonction, l’optimisation du leadership, le développement du management, la gestion du stress et de l’énergie.

Les équipes travailleront quant à elles avec le coach sur les modalités de prise de décision et de communication, sur le potentiel de confiance de l’équipe, et sur tout ce qui peut contribuer à optimiser son efficacité. Le coaching professionnel vise à optimiser deux axes principaux : la qualité relationnelle et la performance.

"Le coach a une obligation de moyens, et reste responsable à 100 % du cadre éthique et déontologique du coaching"

Anne-Laure Pams. L’un des fondamentaux à respecter dans le coaching professionnel est l’existence d’un contrat tripartite entre le coach (ou l’entreprise de coaching), le coaché et l’entreprise, laquelle investit dans le développement des compétences de ses collaborateurs. Ce contrat précise les objectifs du coaching et les éléments du cadre comme la durée, le nombre de séances, les honoraires, etc.

Le coach a une obligation de moyens, et reste responsable à 100 % du cadre éthique et déontologique du coaching. Il est chargé de mettre en place les bons protocoles pour soutenir la progression de son client. Pour autant, la responsabilité de la réussite du coaching est partagée par l’ensemble des parties prenantes présentes durant la réunion de cadrage (l’entreprise, le manager, le RH, le coaché, le coach).

La démarche du coaching professionnel répond-elle aux enjeux de performance de l’entreprise ?

Le coaching professionnel s’est largement répandu au sein des entreprises ces dernières années. Il répond aux enjeux de l’entreprise car il accompagne avec efficacité les individus et les équipes dans des situations diverses comme la prise de fonction, le développement du leadership et l’intelligence collective.

Ce développement est positif, le coaching donnant des résultats concrets et mesurables aux entreprises, managers et dirigeants. Les coachs professionnels sont satisfaits du fait que leur métier connaisse une notoriété croissante. Néanmoins, nous constatons encore des confusions sur la nature exacte du coaching professionnel.

Décideurs RH. En quoi le coaching professionnel se distingue-t-il de l’outplacement ?

Anne-Laure Pams. Ce sont deux approches complémentaires ; il ne s’agit pas du même métier. L’outplacer accompagne un collaborateur sortant de l’entreprise dans sa démarche de repositionnement professionnel, qu’il s’agisse de la recherche d’un nouvel emploi ou de la création d’une entreprise. L’objectif est défini par la personne accompagnée elle-même en direct avec son coach, sans intervention de l’entreprise puisqu’il n’en fait plus partie.

L’outplacement est fondamentalement différent du coaching professionnel, pour lequel la personne accompagnée se trouve en poste au sein de l’entreprise.

La confusion entre ces deux métiers tient au fait que de très nombreux professionnels de l’outplacement sont des coachs certifiés. Ils utilisent le coaching en tant que compétence, outil, protocole et posture pour soutenir leur pratique d’outplacer.

"Il est important de faire appel à des acteurs du coaching reconnus sur la place du marché pour leur déontologie, la qualité de leurs pratiques et leur réputation"

Décideurs RH. Ces dernières années, de nombreux professionnels se présentant comme coachs sont apparus sur le marché. Comment s’assurer du sérieux d’une offre de coaching ?

Anne-Laure Pams. De nombreuses personnes se prétendent coachs sans avoir la formation adéquate. Pour être coach, il est nécessaire de posséder la certification d’une école de référence (au terme d’un apprentissage d’au moins quinze jours), d’avoir fait des formations (PNL, Gestalt, analyse systémique, analyse transactionnelle, etc.) et de maîtriser divers outils. Tout cela pour être en mesure de réaliser un diagnostic de changement et construire un protocole d’accompagnement de la personne coachée adéquat.

Par ailleurs, un exercice régulier du coaching professionnel (cent heures par an minimum) est indispensable pour conserver une bonne qualité de pratique. C’est pourquoi il est important de faire appel à des acteurs du coaching reconnus sur la place du marché pour leur déontologie, la qualité de leur exercice et leur réputation.

Valérie Rocoplan. Le coaching professionnel est un métier à part entière, qui nécessite bien plus qu’une formation initiale. Il y a vingt ans, les DRH se demandaient ce qu’était le coaching professionnel. Depuis, ils ont constaté son efficacité et son intérêt pour ce qui est du retour sur investissement et d’impact pour les activités de l’entreprise.

Le coaching professionnel peut être un levier d’attraction et de rétention des talents et fait maintenant partie intégrante des outils de développement des talents des DRH.

"Il est important de se former sur de nouvelles approches, de nouveaux outils et de nouveaux protocoles pour continuer à professionnaliser sa pratique de coach"

Comment les coachs professionnels enrichissent-ils leurs pratiques et les font-ils évoluer face à des entreprises en constante transformation ?

Valérie Rocoplan. La communication entre coachs pairs est essentielle pour aligner nos approches, s’enrichir des outils et des retours d’expérience des uns et des autres. En cela, faire partie d’une entreprise de coaching est un atout majeur. Il est important pour le coach de constamment ouvrir ses horizons, d’observer les tendances économiques, sociologiques, géopolitiques mondiales, de comprendre en profondeur les mécanismes de fonctionnement de l’entreprise, pour rester au contact de la réalité des collaborateurs.

Il est aussi important de se former sur de nouvelles approches, de nouveaux outils et de nouveaux protocoles pour continuer à se professionnaliser, dans une logique d’apprentissage permanent.

Anne-Laure Pams. Au sein de Syntec Conseil, nous nous retrouvons tous les mois en commission coaching pour échanger avec nos confrères. Il est toujours intéressant de discuter de ce que l’on observe sur le marché, des demandes des clients et de la complexité d’exécution du coaching dans un environnement en constante mutation. Le marché avait déjà enregistré une rupture lors de l’arrivée des plateformes de coaching en ligne. C’est au tour de l’intelligence artificielle de métamorphoser notre métier : elle va faire partie du quotidien de nos clients et des coachés, on ne peut pas passer à côté.

Quelles nouvelles tendances observez-vous sur le marché ?

Nous constatons la généralisation du flash coaching, pour répondre à des besoins rapides sur des sujets ponctuels, ainsi que l’émergence du coaching généralisé sur des plateformes destinées à toucher un grand nombre de collaborateurs.

Les coachs se forment également en neurosciences pour compléter leurs palettes d’interventions. Enfin, les coachings proposant des approches complémentaires – collectif et individuel, présentiel et à distance – sont également très fréquents.

Valérie Rocoplan. Dans un marché français qui compte près de 20 000 coachs en exercice, nous recommandons aux clients d’être attentifs et vigilants quant aux critères de sélection et de choix des coachs partenaires. Cela fait partie des missions de la Commission Coaching de Syntec Conseil.

La commission Coaching de Syntec Conseil participe activement à la professionnalisation du coaching, à sa réputation, et œuvre à la reconnaissance du métier par les organisations publiques ou étatiques.

 

Propos recueillis par Elsa Guérin et Caroline de Senneville