Et de six ! Caroline Semin est la sixième génération à diriger le groupe familial fondé en 1838. Son défi ? Préserver l’héritage et imposer sa marque, notamment en œuvrant pour un secteur du bâtiment plus écoresponsable.

Dans la famille Semin, on parle bâtiment matin midi et soir. Il faut dire que le père de famille, Philippe, est PDG de l’entreprise qui porte son nom. Il est la cinquième génération à diriger la société mosellane fondée en 1838. En d’autres termes, la passion de la construction coule dans les veines du clan depuis près de deux siècles.

De l’hôtellerie de luxe au bâtiment

"Pourtant, durant mon enfance, je n’étais pas plus intéressée que ça par le secteur. Je rêvais de travailler dans l’industrie du luxe", glisse Caroline Semin, née en 1992 et aînée d’une fratrie qui compte une autre sœur âgée de cinq ans de moins qui travaille dans le développement personnel. Durant ses études en école de commerce, elle décide néanmoins de faire son alternance chez Actis, un spécialiste de l’isolation,  "pour diversifier [son] parcours". Une révélation. "Ce fut un coup de foudre pour l’ambiance, les rapports francs, la possibilité d’innover et d’agir en faveur de l’environnement".

De quoi ravir son père qui "ne [lui] a jamais mis la pression pour travailler dans le groupe familial même s’il a semé des petites graines de façon consciente ou non". Sautant sur l’occasion, il fait son possible pour former sa fille afin qu’elle puisse devenir la sixième génération à diriger et développer le groupe dont le siège social se situe à Kédange-sur-Canner, village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Metz.

Ascension programmée

Comme dans beaucoup de groupes familiaux, la confiance se mérite. La jeune femme intègre la société, passe plusieurs années à travailler comme commerciale avant d’être nommée directrice générale en novembre 2017, son père reste PDG et lui enseigne tous les secrets du métier. L’ascension aurait pu faire jaser et faire naître des soupçons de népotisme. "Ce n’est pas le cas, je travaille autant, voire plus que les autres, j’ai des résultats concrets à présenter." De toute manière, dans les entreprises familiales, les dirigeants attachés à la transmission ne passent le flambeau qu’en connaissance de cause.

"Je m'appuie sur des bases solides et une philosophie qui a fait ses preuves"

Symbiose

Au quotidien, père et fille collaborent en totale harmonie. "Nous nous complétons parfaitement. Mon père est davantage axé sur la finance et moi sur le développement commercial et le marketing. Nous sommes d’accord dans 95 % des cas", se réjouit la dirigeante qui observe que cela n’est pas toujours vrai dans les groupes familiaux où la transition générationnelle est parfois difficile. Pour l’héritier, la question est souvent la même : faut-il disrupter ou suivre à la trace les choix de l’aîné ?

Disrupter ou continuer

"Les deux !" affirme Caroline Semin laquelle avoue admirer la stratégie de son père qui fait croître de manière impressionnante le groupe spécialisé dans la fabrication de matériaux de construction, notamment l’enduit et les produits d’isolation à destination des plâtriers et des peintres. Lorsqu’il a pris les rênes de l’entreprise familiale en 1980, elle ne comptait que sept employés. Ils sont désormais 900 répartis sur six sites en France, quatre à l’international. Le tout pour un CA de 221 millions d’euros en 2022.

"Je m’appuie sur des bases solides, une philosophie qui fait ses preuves", reconnaît la jeune dirigeante qui souhaite améliorer les produits pour les rendre plus écoresponsables, "ce qui suppose de mettre l’accent sur la recherche et l’innovation et de se remettre en question de façon permanente". Pour transmettre à la septième génération une multinationale prospère ? L’Histoire le dira.

Lucas Jakubowicz

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